Au nom de Dieu, le Très Miséricordieux, le Très Bienveillant

"Dieu est-il mort?" Telle était la question inscrite en grosses lettres rouges sur fond noir en couverture de l'édition du 8 avril 1966 de l'influent magazine américain Time. La question elle-même faisait référence à la célèbre formule du philosophe allemand Friedrich Nietzsche, formulée à la fin du XIXe siècle, à savoir que "Dieu est mort". Aussi bien l'affirmation du philosophe que l'interrogation du magazine furent favorablement reçues par les laïques et les athées, mais elles dérangèrent profondément les théistes fervents. En réalité, non seulement Dieu n'est pas mort, mais Il est vivant, aimé et adoré dans le monde entier par d'innombrables croyants, qu'ils soient bouddhistes, hindous, jaïns, chrétiens, juifs ou musulmans. La foi, sous quelque forme sacrée que ce soit, est plus forte qu'elle ne l'a jamais été dans l'histoire de l'humanité. Nombreux sont ceux parmi nous qui ne songent guère à leur propre foi, mais, en réalité, le simple fait d'élaborer des projets futurs, de fonder une famille ou de planter des arbres constituent des actes de foi et d'espoir. Et lorsque le monde se porte au mieux, nous pouvons compléter cette foi et cet espoir par la charité et nous réjouir de cette triade de grandes vertus théologiques.

Joram van Klaveren, qu'il le sache ou non, est un vertueux chercheur de vérité. Mais il y a quelques années, il nourrissait une telle animosité à l'égard de la religion islamique qu'il bâtit toute sa carrière politique sur la lutte contre la propagation de celle-ci dans son pays, dénonçant ses dangers comme s'il s'agissait d'un cancer affectant le corps de l'Europe dont il fallait la débarrasser. Après avoir quitté la vie politique, celui-ci s'est consacré à la rédaction d'un livre dans lequel il avait pour projet de dénoncer les maux de l'islam. De caractère honnête, il s'est plongé dans l'étude de cette religion de manière à pouvoir mieux prêcher contre elle. Mais il n'en fut rien. Les hommes élaborent des plans, mais, comme le dit le Coran, Dieu est le Meilleur des Planificateurs.

Nous sommes tous pourvus d'œillères physiques occultant certaines zones spécifiques situées dans notre champ de vision. Mais nous sommes également pourvus d'œillères intellectuelles que nous avons tendance à négliger et qui nous empêchent bien souvent de saisir des choses qui sont pourtant évidentes. La sincérité de Joram lui a permis de modifier sa perspective, de se défaire de ses œillères, de considérer les éléments avec objectivité et de chercher à les comprendre selon leurs propres critères. Cette qualité lui a permis de mener des recherches extraordinaires, dont le fruit est l'ouvrage que vous êtes présentement en train de lire. Ce livre raconte l'histoire d'une trajectoire peu commune, le voyage d'un homme qui est passé de l'animosité à la charité, du désespoir à l'espoir, de la belligérance à la paix.